Dimanche 23h30 – « D1091 Fermée, faire demi-tour. Pour Briançon, suivre déviation ».
C’est ainsi qu’ont commencé nos vacances, par une déviation d’un peu plus de deux heures, la faute à notre confiance imprudente en ce que le XXIème siècle a fait de pire et de meilleur : le GPS. Huit heures plus tôt, nous entassions nos bagages dans notre petite citadine et prenions la route sans plus tarder, direction Guillestre (Hautes-Alpes). Nous y étions déjà allés à trois reprises et n’avons même pas prêté attention à l’itinéraire indiqué. Ce que Mr TomTom ne savait pas, c’est que le tunnel du Chambon est fermé depuis un peu plus d’un an. Il existait bien une route de secours, déconseillée proposée par un minuscule panneau en bord de route, mais qui semblait si peu accueillante sous cette nuit sans lune que nous avons préféré suivre la déviation. Merci le GPS, merci l’absence totale de réseau et d’habitants dans les kms alentour. Nous pestions contre le monde, mais surtout contre nous-mêmes.
Lundi 1h30 du matin – une petite route perdue près de GAP
« Pouah ! Tu sens l’odeur dehors ? Ça pue le caoutchouc brûlé.
C’est pas dehors, je crois que c’est la voiture.
La fumée blanche qui commençait à s’échapper du moteur nous confirma qu’en effet, il s’agissait bien de notre voiture. Pas de voyant indicatif (encore merci la technologie), pas de fuite. Ne nous restait qu’à patienter dans cette petite allée en bordure de nationale où nous nous étions garés, accueillis comme des voleurs par une horde de chiens hurlants à travers les grilles d’une zone en chantier. Quatre heures plus tard, après avoir parcouru inutilement tous les forums auto et nous être imaginés les pires scénarios (« ça doit être le radiateur, ou l’embrayage, ou bien encore… ») nous avons décidé de reprendre la route pour peut-être enfin rejoindre notre location.
Lundi 6h du matin. Guillestre.
Après ce qui ressemblait à la pire nuit de notre vie (bon d’accord, aujourd’hui on relativise), nous avons réceptionné nos clés sous le porche d’une charmante maison traditionnelle entièrement rénovée. Direction sans plus tarder le lit pour quelques heures d’un repos bien mérité.
Si l’on vous raconte tout ça c’est pour que vous vous imaginiez la joie avec laquelle nous avons fait, le mercredi suivant, cette randonnée jusqu’au pic de Morgon. Le lundi et le mardi, nous avons profité du lac de Serre-Ponçon afin d’éviter de se retrouver dans un ravin de trop rouler avec la voiture. Seulement, nous trépignions d’impatience à l’idée d’enfiler nos chaussures de rando’ et de partir à l’aventure au détour des sentiers. Alors le mercredi, nous avons mis de côté notre crainte de nous retrouver en panne et nous sommes aventurés sur la route forestière menant au départ de randonnée vers le Pic de Morgon. Au programme : plus de 1000 mètres de dénivelé à travers forêts et alpages pour une vue imprenable sur le lac de Serre-Ponçon. C’était exactement ce qu’il nous fallait.
Rendez-vous là-haut ! (Le pic de Morgon vu du lac)
Le sentier débute d’abord en pente douce à travers la forêt du Morgon. Nous avançons à tâtons, les yeux levés et le cœur serré par la joie de retrouver ces géants à aiguilles.
Nos yeux s’habituent doucement aux contrastes et à l’obscurité. Seuls quelques rayons du soleil percent les arbres, s’évanouissant sans parvenir à toucher le sol. Notre odorat quant à lui se réveille grâce aux odeurs de mélèze et de terre séchée qui nous chatouillent le nez.
Nous poursuivons notre ascension dans la forêt, la pente douce a laissé place à un chemin plus tortueux, parfois caché par les orties piquantes. Quelques zones difficiles nous obligent à ralentir le rythme. Les racines des mélèzes gagnent du terrain, sortent de terre pour former des escaliers naturels à enjamber.
A la sortie de la forêt nous traversons le cirque de Morgon et nous retrouvons encerclés de montagne. Nous sourions à la pensée que, quelques kilomètres plus bas seulement, Savines-le-lac grouille de routes, de magasins et de touristes.
Nous voilà aux portes de Morgon, quelques centaines de mètres de dénivelés nous séparent du pic. Les pierres et gravillons roulent sous nos pieds, le sentier ressemble désormais à une cicatrice gommée par le temps et les intempéries. Les mollets commencent à tirer, fatigués de lutter contre les éboulis et le dénivelé.
La vue sur le lac devient de plus en plus belle à mesure que l’on grimpe, mais celle qui nous est offert une fois au pic n’a pas son pareil. Le lac étend ses bras à nos pieds, partagé entre les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence.
Perchés à 2324 mètres, nous sentons le vent s’engouffrer dans nos vêtements et faire s’envoler nos chapeaux. L’air frais cingle notre visage, nous glaçant le bout du nez. Assis dans l’herbe, les pieds dans le vide, nous sourions comme des gosses. Notre briquette de jus dans une main, le bonheur dans l’autre.
On espère que cette première journée dans les Hautes-Alpes vous a plu ! On se retrouve très vite pour la suite 🙂
24 petits mots
C’est un endroit merveilleux ! Mais il doit y avoir un truc avec cette route, parce que nous, à chaque fois qu’on y va, on se perd ^^ (la première fois, il faisait nuit et il y avait plein de neige, on était terrifiés à l’idée que la voiture nous lâche, la pauvre faisant un vraiment drôle de bruit (au début, on s’était dit que c’était le bruit de la scierie en bas dans la vallée, mais les kilomètres allant et la nuit tombant, on a bien dû accepter que ça venait de nous… Mais finalement, on a fini par arriver entiers, comme toujours, et ça vaut le détour :))).
Ahah mais c’est fou ! On se sent moins seuls du coup 😉 Heureusement que votre voiture vous a menés à bon port cette nuit-là, l’hiver cela doit être moins drôle de dormir dans la voiture 🙂
Les photos sont magnifiques, ça donne envie d’y aller !
Bon dimanche
Merci Julia ! On ne peut que te recommander cette région, qui nous émerveille depuis trois ans maintenant 🙂