Le Col Girardin par le Lac Sainte Anne

Lundi, 8h30, on se lève. Comme chaque matin nous allons chercher une baguette tradition à la boulangerie, histoire de prendre un bon petit dej’ et de préparer les sandwichs du midi. Il est 10h30 quand on grimpe dans la voiture, direction Ceillac. On emprunte la route étroite en balcon sur les gorges du Guil. Avant de s’engager sous les ponts nous laissons la priorité aux automobilistes d’en face qui nous remercient d’un signe poli, considérant notre geste comme courtois alors qu’il est purement intéressé : nous préférons que personne ne nous voit rouler à pas de tortue, trop effrayés d’être ainsi engloutis par la montagne.

Il est 11h lorsque nous nous garons sur le parking de Chaurionde, terminus de la route du Mélezet.

Nous débutons cette rando à l’ombre des mélèzes, empruntant un chemin en lacets jusqu’au vallon de l’Adoux.

Les délicates ondulations du vallon de l’Adoux se dessinent progressivement, contrastant avec les aiguilles menaçantes de la Font Sancte. C’est avec elles que nous avons rendez-vous. Nous poursuivons notre route sur un chemin bien tracé serpentant au cœur du vallon, ponctué de part et d’autre de pins cembro à l’allure hiératique. L’herbe jaunie par la sécheresse accentue la majesté de ces géants à aiguilles, diffusant une douce odeur boisée.

C’est sous un soleil de plomb que nous approchons du but. La Font Sancte est là, point culminant du Queyras, impressionnante avec ses pics irréguliers et ses glaciers rocheux. A ses pieds le lac Sainte Anne, d’un bleu pur & profond. Il est un peu plus de midi et les températures estivales ont attiré du monde, certains goutant les joies d’une baignade rafraichissante. Déçus de ne pas voir se refléter les pics de la Font Sancte dans les eaux du lac, tel qu’il l’était décrit dans notre petit guide, nous nous isolons pour déjeuner à l’ombre. Nous en profitons pour immortaliser l’instant avec notre polaroid avant de reprendre la route direction le col Girardin, laissant sans regret les nombreux touristes allongés sur les berges du lac.

Nous évoluons désormais dans un paysage sauvage, où les mélèzes ont laissé place à l’herbe roussie. Le sentier menant au col Girardin se dessine peu à peu, laissant présager une montée harassante. Les touristes deviennent progressivement des petites tâches puis disparaissent complètement.

Nous avalons les 300m de dénivelé et savourons enfin la solitude au sommet. La vue est paisible, ressourçante. Nous nous situons à la frontière entre le Queyras (Hautes-Alpes) et l’Ubaye (Alpes de Hautes-Provence). Face à nous s’élève l’Aiguille de Chambeyron, point culminant des Alpes de Hautes-Provence. En nous retournant nous découvrons les hauts sommets du Queyras. Le pic de Rochebrune se dresse fièrement, imposant malgré les nuages. Nous retrouvons de nouveau la barre des Ecrins, déjà aperçue au col de Freissinières. Nous restons là un moment, oubliant les heures qui passent, jusqu’à ce que l’ombre noirâtre portée par les pics de la Font Sancte nous rappellent qu’une longue descente nous attend encore.

Il est presque 18h lorsque nous arrivons au lac. Les touristes ont tous déserté et, dans un élan narcissique, nous nous félicitons de ne pas les avoir imités. Le spectacle est plus beau encore que ce nous avions imaginé. La Font Sancte semble endormie, ses sommets épousant les eaux topazes du lac.

Nous restons là silencieux, respectueux de la scène qui s’offre à nous.

Et puis nous nous résignons finalement à rentrer, non sans jeter un dernier coup d’œil derrière nous.

Des papillons venus se nicher sur des Epilobes.